Faire des cabanes en tous genres – inventer, jardiner les possibles ; sans craindre d’appeler « cabanes » des huttes de phrases, de papier, de pensée, d’amitié, des nouvelles façons de se représenter l’espace, le temps, l’action, les liens, les pratiques. Faire des cabanes pour occuper autrement le terrain ; c’est à dire toujours, aujourd’hui, pour se mettre à plusieurs.
extrait de Nos cabanes – éditions Verdier un essai de Marielle Macé, directrice de recherche au CNRS, spécialiste de littérature
Je souhaite utiliser le symbole de la cabane pour évoquer la nécessité du changement de notre rapport au monde, pour poser la question de nos communs. Le souvenir de la cabane nous rassemble. Nous avons tous, enfants, construit des cabanes. La première d’entre elles a sûrement été une couverture tendue entre deux chaises au milieu du salon. Ça a été là un de nos premiers actes d’émancipation, de rupture avec nos parents, avec le monde des adultes, pour nous confronter à nous-mêmes.
Quand j’envisage l’idée de la cabane, je pense aux personnes sans domicile et aux personnes migrantes qui s’installent là où elles le peuvent et s’abritent provisoirement sous des tentes ou des constructions fragiles, je pense aux 150 bidonvilles qui jalonnent le territoire français. Je pense à celles construites pour protéger des espaces naturels contre des projets d’infrastructures, Zones À Défendre, je pense aussi aux cabanes construites par le mouvement des Gilets Jaunes sur nombre de ronds-points français. Je pense encore, à toutes ces personnes dont l’activité s’associe avec l’idée de la cabane : celle du berger transhumant ou du jardinier, de l’ostréiculteur ou du pêcheur. À leur manière, voulue ou subie, les habitants des cabanes s’installent en dehors du mouvement commun. Ils questionnent par leur simple présence, les valeurs sur lesquelles ce mouvement s’appuie.
En grandissant un peu, l’enfant que nous avons été, caché sous les couvertures dans le salon, s’est aventuré dans les bois. Les cabanes qui se construisent là n’utilisent que les matériaux qui s’y trouvent déjà, elles n’utilisent que l’essentiel. Ces cabanes-là n’ont pas de frontières opaque entre l’intérieur et l’extérieur, de dedans je peux voir le dehors, et du dehors je distingue le dedans. La cabane est un endroit pour soi, mais ouvert sur le monde qui nous entoure, un espace entre intimité et universalité.
Benoît Mousserion
Dans le spectacle que nous imaginons, nous souhaitons faire de la cabane d’une enfant, vouée à la destruction, le refuge d’un autre en détresse, puis au fil des événements, nous amener à comprendre que ce petit abri fragile, c’est le nôtre, à tous. Cette cabane représente ce que nous partageons, ce qui nous rassemble. Elle est notre dedans et notre dehors, notre humanité intrinsèque et notre planète. Elle est ce que nous sommes en train de détruire.
Ensemble, nous défendrons cette cabane !
la possibilité d’ancrer le spectacle localement
Les actions participatives que nous réalisons, ont toujours directement enrichi les spectacles que nous produisons ensuite. C’est là une manière pour nous de questionner les thèmes que nous abordons sous des angles différents, d’en débattre avec des personnes d’horizons différents, et d’expérimenter des idées, autant narratives, que dramaturgiques ou scénographiques.
la construction d’une cabane In Situ
Il ne s’agirait pas de la cabane du spectacle, mais d’une œuvre autonome, une installation, une façon de faire résonner notre propos localement. Par les matériaux employés, par sa forme, son emplacement, la manière de la visiter, les symboles utilisés, détournés, la cabane racontera quelque chose de l’endroit où elle aura été conçue et réalisée. Cabane d’écritures suite à des ateliers, cabane sonore après des enregistrements, cabane pour débattre ou pour contempler, éphémère ou construite pour durer, nous souhaitons tout expérimenter, à l’écoute des lieux et des gens.
La construction participative du second personnage du spectacle
Nous l’imaginerons avec les personnes intéressées. Un chantier participatif pour la construction d’une marionnette géante s’étend sur cinq semaines pendant lesquelles nous ouvrons un atelier temporaire six jours sur sept, du matin au soir. Des groupes s’inscrivent sur les matinées, et les personnes viennent librement pendant les après-midi. Cela a pour conséquence une joyeuse pagaille, et la rencontre de tout un tas de personnes qui ne se connaissaient pas au préalable. Un chantier rassemble entre 500 et 1500 participants actifs. Les semaines sont ponctuées de micro événements à imaginer ensemble : apéro, repas partagé, répétition de groupes amateurs, … Au fil des jours, le personnage prend forme. En parallèle de la construction, il faut lui imaginer une identité.
l’enregistrement ou la tenue en direct de programmes radiophoniques
débat politique, émiss° culinaire, musicale, micro-trottoir… ;
Notre spectacle s’étend sur 24h, pendant lesquelles nous émettons une webradio. Certains temps de radio sont pré-enregistrés correspondant à des moments de jeu avec les marionnettes. Mais lorsque celles-ci ne sont pas en mouvement, nous imaginons revisiter des programmes radiophoniques « classiques ». Le thème du spectacle se prête à l’enregistrement d’une émission politique, d’un débat, de l’interview de militants, de la tenue d’un micro-trottoir … Mais nous pouvons aussi nous écarter du thème pour des moments plus ludiques : une émission culinaire, musicale … Certains moments peuvent être enregistrés pendant les jours qui précèdent le spectacle, d’autres peuvent avoir lieu en direct. La radio est écoutable pendant 24h. Des podcasts des émissions réalisées sur d’autres territoires sont également accessibles.
la réalisation participative des pancartes de la grande marche de sauvegarde de la cabane
Un atelier très simple à mettre en place durant les jours qui précèdent le spectacle. Tout le matériel est fourni, les consignes sont claires, le cadre permet à chacun, petits et grands, d’exprimer sa représentation de cette cabane que nous allons défendre.
l’implication de personnes volontaires pour prendre part à certaines scènes du spectacle
Préparons ensemble la grande marche contre la destruction de la cabane. Slogans à reprendre, danses, discours à scander, interventions aux fenêtres, jeu avec le journaliste radio … Apportons ensemble du relief à la manifestation.
Modifier notre rapport au temps du spectacle et à l’espace de jeu, les faire dialoguer
avec les rythmes des personnes et les particularités du territoire.
DU TEMPS. Notre spectacle durera environ 24 heures. Il commencera en soirée pour se terminer le lendemain dans la nuit. Prendre le temps de parcourir l’endroit qui nous accueille, d’aller à la rencontre des personnes ; le temps d’une marche lente au lever du jour, le temps de construire une image, le temps d’un repas partagé, d’une danse imprévue, le temps d’un cache-cache à hauteur de géant, le temps de se rencontrer, de penser, de se questionner, d’écouter, de débattre. Nous alternerons des moments en déambulation, et des moments en fixe ; certains très spectaculaires et intenses, d’autres plus apaisés ; des temps où le public sera convié, d’autres où il devra chercher les personnages, d’autres encore où nous le surprendrons. Nous voulons jouer avec les flux, avec les événements, petits ou grands, qui rythment habituellement l’endroit : le lever du soleil, le marché, la sortie des écoles le vendredi, les flâneries commerciales du samedi, la circulation automobile, … De scène en scène, de lieu en lieu, nous dévoilons les éléments narratifs de notre histoire.
DE L’ESPACE. S’étirer dans l’espace, l’arpenter, profiter de ses points de vue, de ses perspectives, jouer avec ses endroits de passage, avec ses lieux de croisement. La ville, le quartier, le village deviennent les lieux du spectacle. Le public évolue dans l’espace de jeu, mobile, il se place comme il veut, il choisit son point de vue. Tout au long de la journée, les spectateurs se mêlent aux promeneurs, aux travailleurs. Des moments à grande audience alternent avec d’autres plus confidentiels. On regarde son espace de vie différemment. Par exemple, nous inviterons le public à se rendre sur un lieu qui ne sera pas l’endroit où seront les géants, mais qui sera l’endroit depuis lequel nous voulons qu’ils soient vus (une berge pour voir la traversée d’un pont, un lieu en hauteur pour voir le géant au loin, … )
photographies : Michel Wiart
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